Le renard conteur

Pendant les moments de flottement, ou les moments où il voulait faire profil bas, Naoise retournait à la tribu, voir sa mère, qui se faisait le même sang d'encre que quand il avait 10 ans et grimpait des arbres jusqu'à être caché par les feuillages. Un sourire aux lèvres, il se prenait les remontrances de sa mère. Peu importe ce qu'il se passait dans les autres terres, qui il traquait, séduisait ou manipulait pour avoir les infos dont il avait besoin, peu importe à quel point il se sentait parfois seul dans une grande capitale inconnue, il avait son cœur à Adgyn, auprès de sa famille, sa tribu et la terre qui l'avait vu naître. Les enfants les plus aventureux venaient lui demander ce qu'il avait fait pendant son dernier voyage... Et souvent, Naoise mentait sur les sujets qui n'étaient pas de leur âge. Il leur ramenait un jouet qu'il avait trouvé dans un village, ou un jeu que les enfants jouais là-bas, leur racontait qu'il avait rencontré une race que les enfants n'avaient jamais vu, puis les encourageait a retourner auprès de leurs parents. Certains parents n'étaient pas ravis de voir que les enfants voulaient suivre son exemple, mais dans l'ensemble, le metamorphe s'entendait bien avec quasiment tout le monde. Les nuits d'insomnies le prenaient au bout de quelques jours, cela dit, il avait beau aimer revenir auprès des siens, il ne restait jamais en place très longtemps. Alors il se baladait en forêt la nuit, histoire de se rafraîchir les idées et de ne pas repartir vers son boulot dans la nuit.

Sous sa forme de renard, il traversait les bois jusqu'à la rivière que les plus ésotériques considéraient comme protectrice. Pour lui, ce n'était qu'une rivière, aussi belle soit-elle. Il aimait voir le mouvement de l'eau, cependant, qu'il imitait sans doute, d'une certaine façon. En tournant près d'un arbre, il entendit un brut et se cacha, par réflexe, dans le buisson le plus proche. Une voix s'éleva et le renard sortit son museau du buisson, puis ses yeux. Naoise n'était pas forcément méfiant, c'était plus une déformation professionnelle à ce stade. Dramatique, il replongea le visage dans le buisson pour recontourner l'arbre et ne reprendre sa forme humaine qu'une fois hors du champ de vision du centaure. Les enfants aimaient ce genre de théâtralité, les adultes, nettement moins. -"Abercius, ravi de te voir. Une insomnie soudaine?" Hors des terres libres, Naoise changeait de personnalité et d'apparence comme de chemise, il se pliait à ce que demandait la situation, ou occasionnellement, la mission. Mais à la maison, Naoise était taquin, joueur, curieux et théâtral.

Il avait mis les pieds par hasard dans le secteur du clan Valia, le jour où il avait rencontré Abercius. Les enfants du clan avaient étés méfiants pour tout au plus quelques minutes avant de Naoise leur racontent comment il était arrivé jusque là. Une petite histoire plus tard, il fut traîné par les enfants a la rencontre de quasiment tous les membres du clan, Abercius y comprit. Naoise ne s'attendait pas à être le bienvenu, vu le tempérament très paisible des membres. Lui, en comparaison, ressemblait à une troupe de théâtre, la troupe en moins.  -"Comment vas-tu, ces jours-ci? Je ne suis pas de retour depuis très longtemps, mais ma mère tient a passer le plus de temps possible avec moi avant que je ne reparte. Il y a une tour dans la terre des nains qu'on dit hanté et que j'ai très envie de voir. L'architecture des nains, c'est quelque chose, même en ruine les bâtiments des humains palissent, en comparaison."
@Abercius Valia